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Pollution du Rhodon : Des substances chimiques détectées dans la rivière de notre quartier

La qualité de l’eau du Rhodon est qualifiée de médiocre depuis plus de 20 ans. « Il est même considéré comme le cours d'eau le plus pollué du Parc Naturel Régional de la Haute Vallée de Chevreuse (étude du PNR en 1997-98) ». Depuis 2015, on y relève la présence ponctuelle de plaques importantes de boues d’épuration, signalées au PNR par l’association AAVRE. 

Son président, Eric AYNAUD que nous remercions, nous a communiqué le Rapport d’expertise du Tribunal administratif de Versailles du 7 janvier 2021, rendu dans le cadre d’une procédure lancée en 2015. 

L’objectif était de déterminer la nature, l’étendue et l’origine de la pollution du Rhodon. Il s’est appuyé sur 2 comptes rendus de mission effectuée au printemps 2019, par le bureau d’études Hydrosphère*, spécialisé en matière de diagnostic de cours d’eau, sur la qualité du Rhodon.

 

AAVRE

L’Association des Amis de la Vallée du Rhodon et des Environs, créée en 1973, a participé à la mise en site classé de la vallée du Rhodon. Elle a notamment pour objectifs, de veiller au maintien de la qualité de la vie, et à la protection de la nature et des ressources naturelles. 

Dans ce cadre, elle mène une action contre la pollution des eaux du Rhodon.

 


Identification des polluants

 

Le Rhodon, qui prend sa source dans le bois de Trappes, traverse 7 communes des Yvelines, depuis le Mesnil St Denis jusqu’à St Rémy-lès-Chevreuse où il se jette dans l’Yvette.

 

« Les sources du Rhodon sont alimentées par le fossé de rejet des eaux épurées de la station d’épuration (STEP) qui traite les eaux usées des communes de La Verrière et du Mesnil-Saint-Denis. Ces eaux traitées constituent 90% du débit du ruisseau en forêt de Trappes »1.

 

« Le Rhodon, entre l’amont et l’aval de la buse située vers la STEP, subit une dégradation de la qualité de ses eaux et sédiments du fait de la présence de concentrations élevées en composés phosphorés, azotés et bactériens ; ces substances, anthropiques, dégradent le milieu de vie de l’écosystème aquatique »2.

 

« Régulièrement, sont par ailleurs observées des « boues » flottantes, récurrentes depuis 2015, qui constituent la part visible des constats effectués sur le Rhodon et qui produisent une  pollution » 1.

 


Rhodon après rejet de la station d’épuration

dans le cours d’eau


En conséquence, au vu des résultats des prélèvements et analyses effectués sur une longue période et à de nombreux endroits, l’eau du Rhodon est impropre à la consommation humaine, inutilisable pour tout usage (arrosage des potagers, baignade) et porteuse de risques pour son écosystème.

 

Expertise judiciaire 

 

L’objectif de la procédure judiciaire initiée par le PNR en 2015, était de constater et mesurer cette pollution.

Grâce à l’experte missionnée par le Tribunal Administratif de Versailles, ce dernier a obtenu un rapport complet permettant d « apprécier l’imputabilité de l’origine des désordres ».  

 

Lors de sa première étape d’analyse, l’historique des épisodes de pollution a été reconstitué par les demandeurs3 ; des constats ont été aussi réalisés par d’autres organismes (notamment le SIA, Police de l’Eau – DDT 78), et des opérations d’expertise ont été menées pour obtenir un bilan.

 

Sur la requête de l’Experte, les deux parties (Requérants et Défenseurs3) ont été convoquées à 7 reprises.

Une 1e réunion d’Expertise a été organisée le 22 novembre 2017, avec à l’issue une visite pour faire un constat visuel de la station d’épuration et du point de rejet de la buse. Des analyses des effluents et du milieu (eaux du Rhodon et sédiments) ayant été jugées nécessaires à cette étape, l’experte a demandé deux interventions pour effectuer une recherche de polluants dans l’eau (un suivi en présence de pollution et un autre en période « hors pollution »).

Puis, se sont succédé une visite technique détaillée de la station d’épuration, le 17 janvier 2018, et un constat de pollution sur le Rhodon, le 6 juin 2018, complétés par une réunion liée aux extensions de mission prises en charge par le PNR, le 19 décembre 2018, et des opérations de prélèvements pour analyses (en période dite « normale » le 6 février 2019, et dite « de pollution » le 15 mars 2019). Enfin, le 29 janvier 2020 s’est tenue une réunion d’expertise et un constat sur les ouvrages d’assainissement.

 

Bilan et perspectives

 

Dans les conclusions du Rapport d’Expertise de janvier 2021, il est précisé « que les désordres que sont les rejets de flocs de boue sont en lien avec des apports très significatifs et parasites d’eaux pluviales acheminées par les réseaux d’eaux usées dans la station d’épuration. Ce phénomène a perduré car les dispositifs de surveillance de présence de boues utilisés par l’exploitant de la STEP s’avèrent inadaptés (surdimensionnement au regard des charges polluantes et débits nominaux). 

Le Rhodon ne dispose pas d’une capacité épuratoire suffisante, ce qui fait perdurer cette médiocre qualité sur tout son tracé. Ce phénomène est aggravé par la fermeture de tout apport d’eau pluviale depuis l’étang des Noës qui constituait la source du Rhodon »1.

 

Les responsabilités ont été clairement identifiées. « L’imputabilité de ces causes et origines est donc multiple et a pu être attribuée, à des degrés divers, au SIAHVY, à VEOLIA EAU, à la Commune du Mesnil-Saint-Denis, à la SAUR et à la CASQY »*. 

En conséquence, une liste des actions à entreprendre a été définie : « Des études et travaux devront être engagés pour remédier à cette pollution, d’ici la construction et mise en service d’une nouvelle station d’épuration d’ici 5 à 6 ans » 1

 

A ce jour, aucune des recommandations de l’Experte judiciaire n’ont été mises en œuvre.

La mise en place d’une station d’épuration n’est pas une recommandation de l’Experte judiciaire. Ses recommandations principales sont :

  • A court terme, de « modifier le fonctionnement du dispositif de pompage du bassin d’orage de manière à y diriger les débits d’effluents entrant dès qu’une variation subite de débit est détectée, imposé par « l’existence de « fortes variations brutales de volumes d’effluents entrants dans la station, fréquemment en lien avec la pluviométrie », et de mettre en place « un ou plusieurs dispositifs temporaires complémentaires de rétention des effluents transitant sur le réseau des eaux usées ».
  • La mise en place d’un dispositif de contrôle de présence de boues sur les clarificateurs et le dimensionnement et la mise en place d’une unité de dégazage des boues avant les clarificateurs, imposée par « la présence de boues sur les clarifications de la STEP rejetés dans le milieu naturel »1.

 

 

Pour la commune de St Rémy-lès-Chevreuse, la mairie est informée du dossier pollution depuis sa présentation par M. Aynaud, à l’Assemblée Générale 2018 de l’Association Saint Rémy Environnement. La mairie, invitée à rejoindre l’AAVRE dans son action, n’a pas encore donné de réponse à ce jour.
Sur le site de la ville, un communiqué du 13 octobre 2022, fait état d’une Alerte Pollution concernant le déversement de fuel dans le Rhodon, sans lien avec les conclusions de ce rapport.

 

Le Rhodon n’est pour nous pas un cours d’eau comme les autres. Le Rhodon est l’image de notre quartier.

 

Son cours sinueux a façonné notre identité en tant que quartier avec ses périodes de débordement et ses petits ponts qui l’enjambent pour permettre la communication entre les habitants de chaque rive.

AHQR

En tant qu’association des habitants du quartier du Rhodon et soucieux de notre cadre de vie et du bien-être de ses habitants, nous déplorons la dégradation quasi constante de la qualité de ses eaux par des rejets industriels connus sans que des actions fortes soient mises en place pour y remédier au niveau de la STEP mais aussi au niveau des communes et services de l’Etat. Nous suivrons ce dossier avec attention.

Cette altération de la qualité des eaux du Rhodon nous impacte au niveau de nos usages et elle a aussi des conséquences sur la faune et la flore de la vallée. 

Nous vous recommandons de ne pas utiliser l’eau du Rhodon pour la consommation humaine et d’en limiter les autres usages (alimentation des animaux, arrosage des potagers, baignade).


 

Nous pouvons nous interroger si les mesures correctives décidées, notamment « la réalisation de travaux de résorption des pics d’arrivée d’effluents sur la STEP et la mise en place de dispositif de contrôle de boues »1, seront suffisantes pour enrayer ce phénomène de pollution du Rhodon.

 

1 Tribunal Administratif de Versailles – Rapport d’expertise du 07 /01/2021– N°1703791 ; 1800348 ; 1807116

2 HYDROSPHERE : Compte-rendu de la mission 2 – Mars 2019 – Suivi hors pollution

3 Parties de la procédure

Requérants :

  • AAVRE (Association des Amis de la Vallée du Rhodon et des environs)
  • UNAPNR (Union des Amis du Parc Naturel Régional de la Haute-Vallée de Chevreuse)
  • Syndicat Mixte d’Aménagement et de Gestion du Parc Régional de la Haute-Vallée de Chevreuse (PNR)
  • La Commune de Milon la Chapelle
  • Association de défense du bief historique de Milon-La-Chapelle
  • 3 propriétaires de parcelles sur la commune de Milon-la-Chapelle

 

 

 

Défenseurs :

  • SIA (Syndicat intercommunal d’assainissement des communes de La Verrière et du Mesnil-St-Denis)
  • La commune du Mesnil-Saint-Denis
  • SIAHVY (Syndicat intercommunal pour l’Aménagement Hydraulique de la vallée de l’Yvette)
  • OTV Exploitations filiale de VEOLIA EAU / SESIA
  • VEOLIA EAU est l’exploitant de la STEP
  • Communauté d’agglomération de St Quentin en Yvelines (CASQY)
  • SAUR gestionnaire pour le SIAHVY
  • SEVESC gestionnaire pour la CASQY.